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Chroniques

Fenêtre ouverte sur les Archives et Musée de la Littérature

Anne-Laure Vignaux
p. 294-296

Texte intégral

  • 1  Rappelons que les A.M.L. sont logés au 3e étage de la Bibliothèque Royale, au 4, boulevard de l’Em (...)

Chaque année, Textyles nous confie quelques pages, se faisant ainsi l’intermédiaire entre les chercheurs, les curieux de littérature belge et les Archives et Musée de la Littérature ; précieux rôle si l’on veut éviter que les bibliothèques spécialisées comme la nôtre fonctionnent en circuit fermé, coupées du monde scientifique et littéraire !1
Trois ensembles importants de documents méritent une mention particulière parmi ceux, nombreux, qui ont enrichi les collections de la section Archives en 1993. Ils mettent respectivement en valeur les œuvres de Madeleine Ley, Marcel Moreau et Jean-Claude Pirotte.

1Selon Paul Willems, Madeleine Ley promettait d’être un des plus grands écrivains de sa génération. Le sort lui a donné peu de temps pour tenir ses promesses mais 10 ans et quelques livres lui ont suffi à gagner la reconnaissance du public et du monde littéraire ; vers 1942, deux ans après que son recueil de poèmes Le grand feu a été primé, elle cesse d’écrire. Toute sa carrière se concentre donc sur les années 30, partagée entre la littérature pour enfants, la poésie et le roman.

2En 1986, les Éditions Labor décident de rééditer Olivia (paru d’abord chez Gallimard en 1936), préfacé par Paul Willems et accompagné d’une lecture de Jacques Vandenschrick : c’est le début d’une redécouverte. Et cette année, Jacques Wybauw, fils de Madeleine Ley, a bien voulu faire don aux A.M.L. d’un ensemble de documents qui viennent à point combler le vide presque total entourant son œuvre dans nos fichiers. Ces documents, décrits sommairement ci-dessous, font en ce moment l’objet d’un mémoire de bibliothécaire, ce qui en rendra la consultation plus agréable.

3Il s’agit d’une part d’une longue série de manuscrits, une trentaine en tout, tous inédits, à l’exception d’une version annotée du Grand feu et d’un carnet où sont retranscrits quelques poèmes de Petites voix et leur accompagnement musical. On y trouve aussi bien des poèmes de jeunesse que des contes et des nouvelles de longueur très variable, un véritable roman sur le thème revisité des naufragés sur une île déserte, des notes plus théoriques et même un brouillon de scénario. Vient ensuite un lot de correspondance, correspondance privée d’une part, adressée surtout à Lucien Wybauw, le mari de Madeleine Ley et à Jacques, leur fils (environ 80 lettres ou cartes), mais aussi correspondance plus littéraire, une cinquantaine de lettres qui situent Madeleine Ley dans la vie artistique d’avant-guerre par le biais des amitiés qu’elle avait nouées. Parmi celles-ci, France Adine, Marie Gevers, son illustrateur Edy Legrand, Géo Norge, Francis Poulenc... Enfin, nous avons reçu de nombreux documents et coupures de journaux, véritables petits dossiers de presse classés par œuvre, bien utiles à qui voudrait avoir une idée de la réception de tel ou tel livre lors de sa parution ou, ce qui reste encore à faire, rédiger une étude d’ensemble sur l’auteur.

4Le don Marcel Moreau est également composé de manuscrits pour sa plus grande part, de correspondance pour une plus petite. Les lettres nous ont été données sous forme de photocopies : on y lit les noms de Simone de Beauvoir (7 lettres), de Cioran (6), de Jean Cocteau, de Jean Dubuffet (35), de Pierre Mendès-France et d’Anaïs Nin (30). Quant aux manuscrits, ils sont au nombre de 9, épreuves corrigées ou notes raturées sur des supports parfois dérisoires comme des enveloppes ou des tickets de métro. Marcel Moreau nous a fait la faveur d’en décrire quelques-uns à l’avance, facilitant par là même le travail de l’archiviste. C’est ainsi que l’on pourra consulter les « Pages désordonnées, géologiques et dactylographiées devant être considérées comme la formation de Quintes (manuscrit jusqu’ici introuvable) », ou, plus laconiquement, « Quelques feuillets manuscrits » (relatifs à Bannière de bave) et « Pages d’écriture » (manuscrit des Ecrits du fond de l’amour). Les autres œuvres concernées sont, dans l’ordre chronologique : À dos de Dieu ou l’Ordure lyrique ; Orgambide ; Moreaumachie ; Kamalalam et Cahiers caniculaires. Écrits du fond de l’écrit. Au total, une proportion intéressante de l’œuvre de l’auteur.

5Le contact privilégié avec l’écriture de l’auteur, le lecteur l’aura aussi avec ce que l’on peut maintenant appeler le « Fonds Jean-Claude Pirotte ». Celui-ci n’a cessé de s’enrichir depuis quatre ans et s’enrichira sans doute encore. À ce jour, les A.M.L. possèdent les manuscrits – autographes et/ou dactylographiés – ou les épreuves corrigées de plusieurs livres : La pluie à Rethel (1982) ; Fond de cale (1984) ; Un été dans la combe (1986) ; Sarah, feuille morte (1989) ; La légende des petits matins et La chapelle des Saules inclus dans Récits incertains (1992). Une série d’autres manuscrits sont restés inédits : c’est le cas de plusieurs romans ou nouvelles (Le pouvoir du soliste, Petite méditation nocturne et funèbre...), de poèmes (Proses d’hiver...) et d’un cahier de poésies illustré en couleur de la main de l’auteur, dédié à une heureuse petite fille (Chansons à Dorothée). On savait J.-C. Pirotte peintre à ses heures, on sait maintenant qu’il s’est aussi essayé au théâtre, dans des circonstances un peu spéciales il est vrai, et sans ambition de publier. La pièce s’intitule La vie est une vieille histoire et a été écrite en février 1991 à la demande d’une troupe de théâtre villageoise, à Elbeuf-en-Bray ; on peut la lire aux A.M.L. depuis cette année. Ajoutons, pour être complet, la très abondante correspondance adressée par J.-C. Pirotte à sa femme pendant ses années de cavale en France (1975-1980), qui ne pourra être consultée qu’avec l’autorisation de l’auteur.

6À côté de ces trois ensembles, plusieurs achats ou dons plus modestes méritent d’être portés à la connaissance de tous, dont voici un choix : lettres et cartes de Paul Verlaine à Octave Maus ; ensemble de documents concernant Charles De Coster ; manuscrit du Rapport sur l’état de l’Europe, de Raoul Vaneigem ; documents concernant Rodenbach, dont des épreuves avec corrections ; photocopies ou retranscription de quelques lettres de Maurice Maeterlinck ; manuscrits de Paul-Henri Spaak ; lettres adressées par des écrivains belges à Georges Duhamel ; affiches du Groupe des XX ; photocopie de la correspondance de Paul Valéry à Émilie Noulet.

  • 2  Au sujet de ce dernier, il faut signaler la publication des œuvres complètes sous la direction de (...)

7En guise de conclusion et d’incitation à la lecture et à l’étude, je signale d’ores et déjà deux acquisitions toutes récentes qui seront présentées dans cette rubrique lorsqu’elles seront dépouillées ; l’une concerne Henry Bauchau, l’autre Henri Vandeputte2.

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Notes

1  Rappelons que les A.M.L. sont logés au 3e étage de la Bibliothèque Royale, au 4, boulevard de l’Empereur à Bruxelles ; que l’accès en est libre et gratuit, du lundi au vendredi de 9h à 17h.

2  Au sujet de ce dernier, il faut signaler la publication des œuvres complètes sous la direction de Monsieur Martin-Schmets ; 8 volumes ont paru à ce jour et les 4 derniers sont attendus pour la fin de l’année.

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Pour citer cet article

Référence papier

Anne-Laure Vignaux, « Fenêtre ouverte sur les Archives et Musée de la Littérature »Textyles, 10 | 1993, 294-296.

Référence électronique

Anne-Laure Vignaux, « Fenêtre ouverte sur les Archives et Musée de la Littérature »Textyles [En ligne], 10 | 1993, mis en ligne le 09 octobre 2021, consulté le 28 mars 2024. URL : http://journals.openedition.org/textyles/1934 ; DOI : https://doi.org/10.4000/textyles.1934

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Auteur

Anne-Laure Vignaux

Archives et Musée de la Littérature

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Droits d’auteur

CC-BY-NC-ND-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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